Mémoriser les nombres

Les nombres… Ils sont nombreux en médecine. D’une simplicité enfantine à faire tomber en QCM par les Professeurs et malheureusement particulièrement complexes à mémoriser…

Certains réussiront, par forcing, à les mémoriser presque dans leur globalité… D’autres espéreront qu’avec le temps ils finiront par rentrer, au risque de n’arriver à l’examen qu’avec une faible partie d’entre eux en tête.

Je vous propose ici une technique utilisée dans bons nombres de concours de mémorisation, permettant aux meilleurs participants d’enregistrer une 50aine de nombres en seulement quelques minutes voir secondes.

Comme toutes les disciplines, au début, cela vous paraitra compliqué et contre-productif. Mais je peux vous assurer que si les nombres sont vos ennemis depuis toujours, ils perdront vite leur statut pour devenir assez facilement vos amis !

Comme beaucoup de méthodes de mémorisations, il s’agit d’une méthode ludique et que vous aurez peut-être même envie de qualifier de « bizarre ». Mais c’est bien là le but. Votre cerveau, notre cerveau, enregistre avec bien plus d’aisance une histoire ou un souvenir absurde, qu’une donnée barbante et sans intérêt pour lui.

De ce fait, si je vous demande d’imaginer « notre Président Emmanuel Macron au Pôle Nord, maquillé en chat, une tutute à la bouche, habillé d’un tonneau » ou de mémoriser que le vaccin DTP-Ca est à faire chez l’enfant de 2 mois puis 4 mois, puis 11 mois, puis 6 ans, puis 11-13 ans. Disons que je vous laisse 2 minutes pour chacune des 2 informations. Je suis prêt à parier que pour la graaande majorité d’entre vous, si dans 2 mois, sans jamais avoir relu ni l’une, ni l’autre des données, je vous demande de me les restituer, une bien plus grande portion d’entre vous vous souviendra certes de l’histoire d’Emmanuel Macron bloqué sur la banquise, mais pas des mois de vaccination. Et pourtant, les 2 informations désignent exactement la MÊME chose.

Je vous explique comment ça marche.

Il s’agit d’une machination en 3 étapes :
1. Transformer les nombres en lettres
2. Transformer les lettres en mots
3. Créer une histoire (absurde) avec ces mots

Transformer les nombres en lettres

Tout d’abord, il y a une chose à apprendre, par coeur… La liste des lettres associées à chaque chiffre.

0 → s ou z
1 → t ou d
2 → n
3 → m
4 → r
5 → l
6 → « j », « ge » ou « che »
7 → k ou « gu »
8 → f ou v
9 → p ou b

Pour adapter cela encore un peu plus aux cours de médecine, il nous faudrait aussi une lettre pour le « 100 000 » et une lettre pour le million, voir même le « 100 » et le « 1000 ». Mais au lieu de cela, je pense que directement les transformer en images pourrait être plus ingénieux. Je vous en reparle plus loin.

Maintenant que vous connaissez cette liste magique, passons à la deuxième étape.

Transformer les lettres en mots

Voici l’étape qui pourrait être la plus complexe au début, mais qui je vous l’assure s’avèrera particulièrement simple avec un peu d’entrainement !

Il s’agit d’abord de prendre le nombre que l’on souhaite apprendre, par exemple le nombre « 63 », âge médian d’apparition du cancer du sein.

D’abord, transformons le en lettres :
63 = 6 et 3 = j/ge/che et m

Et maintenant que c’est fait, l’idée est de le transformer en mot. Ce mot doit contenir ces 2 sons/lettres et ceux, dans le même ordre qu’ils apparaissent dans le nombre. Donc ici, le mot doit commencer par « j », « ge » ou « che » et avoir comme seconde consonne « m ».

Voici une liste non exhaustive de possibilités :
– Jument
– Jumeau
– Gemme
– Gémeau
– Gémir
– Chaman
– Chemin
– Chômeur
– Jumelles

Je vous déconseille fortement cependant d’utiliser des mots dont certes la deuxième consonne est celle choisi mais que l’on n’entend pas lors de la prononciation.
Par exemple : Jambière, oui la première consonne est J et la seconde M, mais nous n’entendons pas le M, tandis que le P oui ! Nous risquerions donc de penser à 69 et non à 63…

A noter que si le nombre que vous souhaitez apprendre se compose de plus de 2 chiffres, il faudra le subdiviser en multiples nombres de 2 chiffres ou moins. Par exemple 1972 (les 4 facteurs de coagulation, sans compter la protéine S et C, dépendants de la vitamine K : 10, 9, 7 et 2)
Certains diront qu’il suffit juste d’apprendre l’année « 1972 » par coeur, mais l’idée ici est que face à votre copie le jour J, vous ne puissiez en aucun cas commencer à vous dire « 1972 ? 76 ?, mince j’ai un doute ».
Reprenons l’exemple : Séparons 1972 en 2 nombres de 2 chiffres, 19 et 72.
Transformons les en lettres : 1 → d ou t, 9 → p ou b, 7 → k ou « gu », 2 → n
Enfin, transformons ces lettres en mots puis en images.
19 → d ou t puis p ou b → Toupie, Débile, Dope, Taboulé,…
72 → k ou « Gu » puis n → Ken (de Barbie et Ken hein…), Gun, Conne, Canne, Cane,…

En ce qui concerne les nombres 100, 1000, 100 000 ou 1 million, très fréquents en épidémiologie notamment, je vous propose tout simplement de lier 1 unique mot à chacun. Et de faire apparaitre ces mots dans vos histoires selon la nécessité. Pour ma part j’utilise :
– 100 : Sang (une hémorragie brutale est marquante dans une scène)
– 1000 : Mille-pattes
– 100 000 : Saucisson sec (pleins de /ss/ pour pleins de 0)
– 1 million : Un ticket à gratter

Transformer les mots en histoire (absurde)

Maintenant, l’idée est de créer une histoire simple, et surtout efficace. J’entends par efficace, qui ne comprend pas trop d’éléments parasites autres que les mots choisis.

Ici, nous avons pris un exemple simple avec « 63, l’âge médian d’apparition du cancer du sein ». Dans le cas de l’apprentissage de cours, les données seront bien plus nombreuses vous vous en doutez.
Nous avons donc « 63 » que nous avons transformé en Jument, Jumeau, Gemme, Gémeau, Gémir, Chaman, Chemin, Chômeur et Jumelles.
Nous voulons « accrocher » l’un de ces mots à l’information concernée « Sein ».
Nous pouvons donc très bien imaginer :
– une jument avec des seins sur la tête
– Indiana Jones qui trouve une Gemme en forme de seins
– Un chemin nommé « Chemin de sein Pierre »

Mais nous pouvons aussi pousser l’imagination un peu plus loin.
Sein peut vous faire penser à Saint ou à Angelina Jolie (qui a pratiqué une ablation prophylactique du fait d’une mutation BRCA) ou encore à une personne que vous avez pu côtoyer qui vous a marquée pour des raisons qui vous sont propres… N’ayez pas honte, tout se passe dans votre tête, l’idée est surtout de « choquer » votre cerveau en lui proposant des histoire marquantes et invraisemblables !

Imaginer Angelina Jolie aller à pôle emploi parce qu’elle a perdu son boulot (Chômeur → Ch et m → 63) lui sera bien plus simple à se souvenir que Angelina Jolie qui ramasse des Gemmes par terre par exemple.

Maintenant, le second exemple : 1972, les facteurs dépendants de la vitamine K. Je serai plus bref pour ce cas.

Vitamine K, me fait bizarrement penser au KKK. Et ça tombe bien, c’est le genre de chose marquante dont j’ai besoin !

Je prendrai « Toupie » pour 19 et « Ken » pour 72.

J’imagine aisément un membre du KKK habillé en blanc avec une vieille cagoule, tournant sur une toupie géante, il risque de tomber et s’accroche au manche de cette toupie. La vitesse lui fait perdre la cagoule. Dévoilant son visage, qui n’est rien d’autre que celui de Ken…

Voilà pour la méthode, vous savez tout !

Conclusion

Cette méthode peut paraitre absurde et peut être même contre-productive. Mais je peux vous assurer que l’entrainement vous fera changer radicalement d’avis !

Les conseils que je peux vous donner concernant la fabrication de vos histoire sont :
1. Absurde, absurde, absurde
2. Utiliser des personnages ou personnes que vous connaissaient pour le thème choisi. (Thème Cancer du Sein : Angelina Jolie, Thème Vitamine K : Membre du KKK, etc…)
3. Tourner toute ou partie de votre histoire autour de ce personnage. Car de ce fait, en entendant « Cancer du Sein » (qui est le thème je le rappelle), vous penserez immédiatement à Angelina Jolie. Il ne vous suffira plus que de vous demander « que fait Angelina Jolie déjà ? Elle va à Pôle Emploi ! → Chômage → Ch + m → 63 »
4. Ne comptabiliser dans les mots choisis QUE les consonnes audibles lors de la prononciation.
5. Mettre du mouvement dans votre histoire, c’est l’une des choses les plus simples pour que votre cerveau se souvienne de l’info. (Angelina Jolie droite comme un « i » qui a une gemme dans la poche… Bof, bof pour s’en souvenir par exemple)
6. Placer tout ce beau monde dans un Palais Mental. Je vous invite à lire l’article le concernant que je pose ici :

Aussi, pour vos débuts, si les mots ont du mal à vous venir, vous pouvez utiliser des sites tel que ChatGPT qui pourront vous aider à les trouver. (Peux-tu me lister des mots dont la première consonne est un M et la seconde un T ?)

Si la méthode vous intéresse, et que vous souhaitez aller un petit peu plus loin, je vous invite à vous rendre sur l’article : Mémoriser les nombres (Partie 2)

Macron sur la Banquise

Maintenant que vous connaissez la méthode, vous devriez aisément comprendre comment le Président Macron, bloqué au pôle nord, une tutute dans la bouche, un maquillage de chat, habillé d’un tonneau peut bien me faire connaitre par coeur la liste des âges de vaccination contre le DTPolio Ca !

Vous n’voyez pas !? Je vous explique.

Tout d’abord il me fallait un personnage marquant pour le thème DTP Ca. Diphtérie me faisait penser à « 10 Terrils » (oui, je suis du nord) mais comme dit précédemment, étant donner qu’il s’agit du thème, il me faut un personnage !
J’ai donc trouvé (un peu tiré par les cheveux, mais ça fonctionne pour moi, à vous de trouver le votre 😉 ) Polio me fait penser à Politique et donc rapidement au Président Macron. Tout simplement !

Nous avons donc notre personnage principal. Plus qu’à y accrocher nos images.

2 mois, 4 mois, 11 mois, 6 ans, 11-13 ans (que j’ai transformé en 12 !)

Cela me donne donc 24 – 11 – 6 – 12.

24 → n et r → Nord → Pôle Nord
11 → t/d et t/d → Tutute
6 → Ch/Ge/j → Chat
12 → t/d et n → Tonneau

Et voici comment notre Président se retrouve perdu sur au Pôle Nord, une tutute dans la bouche, un maquillage de chat sur le visage, habillé d’un tonneau !

Pour celles et ceux qui veulent une idée du temps que ça peut mettre avec un peu d’entrainement (je n’suis certainement pas le plus rapide). Pour cette histoire, j’ai mis 3 minutes et 24 secondes précisément.

Je précise que dans cette histoire je n’applique pas un de mes conseils qu’est « le mouvement ». Il aurait été possible d’imaginer Emmanuel Macron en train de rouler sur un tonneau par exemple. Encore plus marquant pour votre encéphale 😉